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Le PCHR annonce l’effondrement du secteur santé et la suspension des services de soins dans la bande de Gaza

vendredi 13 novembre 2020

Le 25 août 2020
Le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) suit avec une grande inquiétude la situation de la santé dans la bande de Gaza et annonce sérieusement une détérioration catastrophique qui frapperait les services médicaux en cas d’épidémie du Coronavirus (COVID-19), surtout après la confirmation de quatre cas coronavirus hors quarantaine. Le PCHR craint l’effondrement d’un système et des établissements de santé de Gaza, déjà fragilisés et épuisés par le bouclage qu’impose Israël sur la bande de Gaza depuis 14 ans. Le PCHR confirme que la pénurie de médicaments et de fournitures médicale, ainsi que la crise de l’électricité, conséquence de la fermeture de la centrale électrique après que les autorités d’occupation israéliennes eurent interdit l’entrée du carburant nécessaire à son fonctionnement, vont perturber les prestations des services médicaux pour les deux millions au moins de Palestiniens vivant dans de mauvaises conditions de vie dans la bande de Gaza, laquelle est classée comme la zone la plus surpeuplée du monde.

Selon les suivis du PCHR, le lundi 24 août 2020, le Centre d’information et de presse du gouvernement de la bande de Gaza a annoncé, lors d’une conférence de presse, quatre cas de coronavirus chez des personnes à l’extérieur des centres de quarantaine. Ces quatre cas proviennent de la même famille et vivent dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi. Dès que le ministère de la Santé et que le personnel médical ont confirmé les cas, les protocoles sanitaires ont été suivis. Le Centre d’information a précisé plusieurs des mesures qui ont été mises en place pour maintenir la santé et la sécurité publiques, notamment un couvre-feu de 48 heures dans toute la bande de Gaza, la suspension du travail dans les secteurs public et privé, la fermeture des établissements d’enseignement, des mosquées, des marchés, des salles de mariage et des clubs, et l’interdiction de tout rassemblement, afin de contenir le virus, d’identifier les cas possibles et traiter les personnes qui ont été en contact avec des cas de coronavirus.

Selon des sources au ministère de la Santé, le nombre total des cas de coronavirus détectés dans les établissements de quarantaine depuis le 15 mars 2020 est de 114 : 70 rétablis, 41 cas actifs recevant des soins à l’hôpital pour maladies infectieuses, et un seul décès dans la bande de Gaza. Le nombre de personnes dans les établissements de quarantaine est de 2210, aucun ne présente de symptômes du COVID-19, et qui sont répartis dans 16 établissements de quarantaine à travers les gouvernorats de Gaza.

Les établissements de soins à Gaza se trouvent déjà au bord de l’effondrement en raison du bouclage imposé par Israël sur la bande de Gaza depuis 14 ans, qui est exacerbé par les répercussions de la division interne et des querelles politiques palestiniennes. Tout cela est la cause de la fragilité du système de santé dans la bande de Gaza, d’une pénurie perpétuelle de médicaments et d’appareils médicaux essentiels, et d’un nombre insuffisant de professionnels spécialisés de la santé, rendant le système incapable, en temps normal, de répondre aux besoins médicaux essentiels de la population de la bande de Gaza. En outre, les établissements de santé souffrent de difficultés supplémentaires en raison de la fermeture de la centrale électrique de Gaza, depuis le 18 août 2020, les autorités israéliennes ayant interdit l’entrée du carburant nécessaire à son fonctionnement depuis le 10 août 2020.

Le docteur Ashraf al-Qedrah, porte-parole du ministère de la Santé (MOH) à Gaza ville, a affirmé que le ministère avait souffert d’un manque de kits de dépistage du coronavirus avant que les nouveaux cas soient découverts. Le MOH a besoin d’urgence de davantage d’unités de soins intensifs, de masques avec filtre, et d’équipements pour diagnostiquer le coronavirus, de médicaments, de consommables médicaux et de matériels de protection afin d’être prêt à lutter contre le coronavirus. Le Dr Al-Qedrah ajoute que les hôpitaux et les centres médicaux souffrent actuellement du manque grave de 45 % de la liste des médicaments essentiels, de 31 % des consommables médicaux, et de 65 % des produits de laboratoire et des fournitures de banque de sang. Le Dr Al-Qedrah prévient que le ministère ne pourrait assurer ses services médicaux à cause de la panne de courant et du manque de carburant, soulignant que le ministère a besoin d’environ 450 000 litres de carburant par mois pour faire fonctionner les 90 générateurs électriques des hôpitaux et centres médicaux, dans un scénario de panne de courant de 8 heures. Cependant, comme la coupure de courant se produit pendant 16 à 20 heures par jour, le ministère a donc besoin de 750 000 litres de carburant par mois.

Les personnels du PCHR sur le terrain ont signalé quelle était la conséquence d’une coupure de courant se prolongeant pendant de longues heures sur les installations médicales. Mr Amid Mushlaha, directeur du département Laboratoires du MOH, a souligné que la coupure de courant avait des effets négatifs sur les fournitures destinées aux laboratoires et aux banques de sang, et qu’elle entraîne l’impossibilité d’effectuer les tests requis en laboratoires, indiquant le besoin constant en électricité des appareils des laboratoires, spécialement des échantillons qui requièrent d’être conservés à 20 degrés Celsius, comme les kits de dépistage du coronavirus, ce qui les expose à être endommagés. Mr Mustaha souligne qu’une panne de courant prolongée et l’utilisation de générateurs électriques comme source d’énergie alternative, affectent la précision des résultats et qu’ils peuvent causer des dommages aux appareils et pièces électroniques, en plus de ses conséquences néfastes sur les composants sanguins (plasma et cryoprécipité) qui sont conservés à moins 80 degrés Celsius ; ainsi que l’incapacité de séparer le sang de ses composants essentiels ou de mener des tests de compatibilité entre le patient et l’unité de sang à cause de la panne de courant.

Le Dr Nabil al-Barqouni, directeur général du réseau des crèches à Gaza, a annoncé quelles seraient les répercussions des coupures de courant sur les 120 nouveau-nés actuellement présents dans les crèches des hôpitaux de la bande de Gaza, montrant que toutes les crèches disponibles des hôpitaux de la bande de Gaza (sept au total) sont tributaires de l’électricité pour leur fonctionnement. Le Dr al-Barqouni a souligné également qu’une panne de courant qui se prolonge et l’utilisation de sources d’énergie alternatives endommageaient les équipements, comme les couveuses, les masques à filtre, et les ventilateurs pour bébés, affectant la vie des nouveau-nés, et pouvant entraîner des complications capables de conduire à la mort.

Le Dr Abdul Salam Sabah, directeur général des hôpitaux du ministère de la Santé (MOH), a déclaré que de longues périodes de coupure de courant affecteront sensiblement les opérations chirurgicales prévues dans les hôpitaux de Gaza ; soit, en moyenne, 3864 interventions par mois, allant de petites à moyennes et à grosses opérations. Ces interventions sont pratiquées dans 45 salles d’opérations des hôpitaux de Gaza. Le Dr Sabah a précisé que cela présente un risque pour les patients dans les unités de soins intensifs (ICU), où le taux d’occupation des lits est de 84 %, notant que la vie de ces patients dépend des respirateurs artificiels médicaux. Le Dr Sabah a ajouté qu’une coupure de courant et la pénurie de carburant affectent grandement les départements d’hémodyalises des hôpitaux de Gaza, lesquels n’ont que 131 reins artificiels, indiquant que 923 patients reçoivent un traitement d’hémodyalise dans les gouvernorats de la bande de Gaza.

Tenant compte de la crainte d’un effondrement du secteur de la santé dans la bande de Gaza et de l’incapacité prévisible du système de santé à prendre en charge les patients dans le cas d’une propagation du coronavirus, le PCHR :

– insiste sur le fait que la responsabilité première de faire parvenir les fournitures médicales à la population de la bande de Gaza incombe à Israël, et que celui-ci doit prendre toutes les mesures préventives nécessaires possibles pour lutter contre la propagation des maladies infectieuses en vertu des Articles 55 et 56 de la Quatrième Convention de Genève de 1949 ;

– fait appel à la communauté internationale et l’OMS pour qu’elles fassent pression sur Israël et de le contraindre à respecter ses obligations, et d’autoriser l’entrée des fournitures et équipements médicaux nécessaires aux examens médicaux du coronavirus ;

– fait appel à la communauté internationale pour qu’elle intervienne immédiatement et en urgence et qu’elle fasse pression sur Israël pour qu’il autorise l’entrée du carburant nécessaire au fonctionnement de la centrale électrique de Gaza ;

– fait appel à la communauté internationale et aux organisations humanitaires pour qu’elles apportent leur aide au système de santé de la bande de Gaza, notamment des fournitures médicales pour les hôpitaux de Gaza, afin de lutter contre la propagation du coronavirus ;

– insiste sur la nécessité d’une coordination entre le MOH de Gaza et celui de Ramallah pour lutter contre la propagation du coronavirus ;

– exige du MOH de Gaza qu’il diffuse des informations actualisées à propos des patients infectés par le coronavirus, et sur les moyens d’accéder aux services de santé ;

– enjoint les autorités de Gaza de prendre les mesures pour protéger la santé et la sécurité publiques ; et

– fait appel aux citoyens pour une compréhension et le respect des mesures imposées par les autorités, et requises par les circonstances présentes, afin d’éviter la propagation du virus.

Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine

Source : PCHR : https://www.pchrgaza.org/en/?p=14977


Voir en ligne : Agence Média Palestine

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