Manifestation de soutien à la Palestine vendredi 6 septembre dans les rues d’Evry-Courcouronnes
Huit Heures pour la Palestine 2021
" Palestiniennes en Résistance, combattre l’apartheid israélien et l’éliminer "
vendredi 17 décembre 2021
Ce sont 120 personnes qui se sont retrouvées samedi 27 novembre à Evry Courcouronnes pour ce rendez-vous annuel de la solidarité internationale, à la Maison départementale des Syndicats mise en péril aujourd’hui par le département qui veut sa fermeture, à l’invitation de l’UD CGT 91 et de la FSU 91, avec les organisations du Collectif Palestine en Essonne et en présence d’associations partenaires de solidarité pour la Palestine.
Notre fil conducteur : Les femmes palestiniennes en résistance, combattre l’apartheid israélien et l’éliminer.
En introduction, l’exposé de notre président Pierre Langlois sur la situation en Palestine toujours aussi dégradée (dépossession de terres, de maisons, colonisation, emprisonnements…). Mais petite lueur d’espoir avec la décision de l’ouverture de l’enquête à la CPI sur les crimes de guerre commis par Israël.
La FSU et l’UD CGT dénoncent la passivité de la France ; le comité AFPS l’Olivier Corbeil Essonnes s’inscrit dans le programme Jer’Est porté maintenant par la ville et dont le partenaire est à Silwan le centre social et culturel Al Bustan ; Evry Palestine présente la situation spécifique à Gaza, rappelle notre campagne nationale »levée immédiate du blocus de Gaza et notre soutien au projet « Réussite Educative » mené par notre partenaire Heart Beat Association dans le camp de réfugiés de Khan Younis .
L’Intervention de Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS, porte sur deux points essentiels à notre lutte :
– l’attaque contre les 6 ONG palestiniennes de défense des droits de l’homme, des prisonniers, des enfants… C’est un arrêté militaire d’interdiction d’exercice.
La réaction française est scandaleuse, faisant part de « quelques inquiétudes » et demandant des « explications aux autorités israéliennes ». Quant au niveau international, l’intervention du Conseil de sécurité est bien faible.
Les réactions doivent être fortes : faire savoir que l’Europe ne reconnaît pas les décisions israéliennes. Ne pas signer l’accord d’association du 9/12/21 entre Israël et l’UE.
Ces 6 ONG jouent un rôle essentiel dans la documentation auprès de la CPI sur les faits de guerre israélien. Elles travaillent aussi sur l’élimination de l’apartheid, d’où la nécessité pour l’Etat israélien de les faire taire.
– notre campagne « Apartheid » définie par la convention sur l’apartheid de 1976 : actes inhumains (privation de liberté, torture, meurtres…), régime institutionnalisé d’oppression systématique qui tend à se perpétuer (fragmentation, occupation, colonisation…), domination d’un groupe sur un autre (cf. Loi « Israël Etat-Nation », Juillet 2018)
Jérusalem Est concentre l’apartheid. Les Palestiniens d’Israël sont citoyens d’Israël mais n’ont pas les mêmes droits que les Israéliens. L’occupation militaire en Cisjordanie s’accompagne d’une entreprise de colonisation…C’est la domination d’un groupe sur un autre s’accompagnant de manifestations racistes : voir l’ouvrage de R. Falk et V. Tiley.
Femmes Palestiniennes en résistance : regard croisé de nos 3 invitées, Asma Al Ghoul, écrivaine féministe et journaliste palestinienne de Rafah, vivant actuellement en France, auteure de « L’Insoumise de Gaza », Johayna Al Saifi, Palestinienne de St Jean d’Acre (Akka) conseillère pédagogique et militante féministe et politique et Najet Abu Gutna, enseignante, habitante du camp de réfugiés de Jenine, à l’origine d’un Centre pour les femmes établi dans le camp. Rencontre inédite de trois représentantes d’une Palestine fragmentée.
Femmes palestiniennes en résistance ?
Asma : Quand on écrit, c’est de la résistance, quand on survit à 14 ans de blocus, aux guerres, c’est de la résistance. Résistance aux agressions, à la crise sanitaire. Nous sommes des résistantes et des victimes. Résistance populaire et non par les pierres et les roquettes.
Najet : On a peur, mais on résiste. Les femmes essaient de rester fortes pour leurs familles, leurs enfants. Dans le camp de réfugiés, on a appris à devenir forts et à résister. Le travail dans le Centre des femmes consiste à leur permettre de renforcer leurs capacités.
Johayna : A l’exemple de Palestiniennes de Jaffa, menacées d’expulsion de leur logements, installées dans des tentes qu’elles refusent de quitter malgré les menaces de la municipalité, elles résistent pour une vie digne. De familles vivant dans des conditions difficiles dans le Néguev. A Akka, l’Etat israélien tente d’expulser les citoyens palestiniens : la Nakba continue. La présence palestinienne est une résistance.
Quelles difficultés pour les femmes dans leur quotidien, dans le contexte d’une double oppression, celle du patriarcat et celle de l’occupation ?
Najet : On observe la domination masculine au niveau du travail. Les femmes ont un salaire moindre. Il faut renforcer les droits de la femme, les capacités de la femme réfugiée dans tous les domaines - politique, scientifique…, l’aider à faire des projets pour devenir indépendante surtout si elle est issue d’un milieu pauvre ou si son mari est emprisonné. Les femmes du camp peuvent venir dans le Centre des femmes où une formation (couture, coiffure…) leur est offerte pour ensuite ouvrir leur propre entreprise. Les traditions au début étaient un obstacle, mais cela change : les femmes s’éloignent de la domination masculine et s’affirment et affrontent l’occupant.
Asma : La femme palestinienne fait face aux mêmes problèmes que toute autre femme : harcèlement, violence, terrorisme intellectuel… 40% de violences conjugales à Gaza en 2019. Société patriarcale basée sur les traditions. Emergence d’un mouvement féministe qui travaille dans deux directions : résister à l’occupation et reconstruire la société palestinienne.
Johayna : Des féminicides récents n’ont pas été résolus. Réalité d’une domination masculine qui « arrange » les autorités israéliennes. Pour ces dernières, la société palestinienne est violente et c’est dans la culture palestinienne qu’il faut chercher les raisons de ces féminicides. Il leur faut donc affaiblir et briser cette société. La destruction des logements est un exemple de violence faites aux femmes. C’est en luttant que les femmes provoquent des changements.
Quelle place et quel rôle pour la femme dans la lutte contre l’oppression israélienne ?
Asma : Quand on vit à Gaza, « on ne peut pas ne pas détester les autres ». La victime en Palestine, c’est l’être humain. Le rôle des mouvements féministes palestiniens est leur combat essentiellement contre l’occupant. La première action féministe en 1884 est la contestation de la construction d’une colonie israélienne. La femme palestinienne est présente sur deux fronts, l’occupation israélienne et la situation patriarcale. Dès les années 1960, les femmes se sont investies dans la lutte politique et dès Oslo les mouvements féministes ont commencé à défendre les droits des femmes.
Johayna : Défendre la libération des prisonniers. Pour les féministes, lier le combat politique et le combat social. C’est un grand défi que le combat pour l’éducation et le travail des femmes, défavorisées par rapport à la loi israélienne, la femme palestinienne étant marginalisée par rapport à la femme israélienne. Les femmes luttent contre le sentiment d’être étrangères à leur terre. Elles jouent un rôle essentiel dans la lutte, les intifada et d’autres combats ; certaines d’entre elles vivent de grands succès.
Najet : Malgré les conditions de vie difficiles dans le camp de réfugiés de Jenine, les femmes sont remarquables par leur force. Dans la Maison Chaleureuse, 30 enfants souffrant de problèmes psychologiques et scolaires dus à l’occupation sont pris en charge C’est l’occupation notre principal ennemi. L’occupant cible toujours les camps de réfugiés.
Comment construire ensemble avec toutes les composantes la Palestine de demain ?
Pour Johayna un grand nombre de prisonnières sont des femmes jeunes, étudiantes.
Le message des Israéliens : ne pas permettre au peuple palestinien de s’épanouir ; utiliser des menaces, détruire, assassiner, utiliser sa force militaire…
Pour nous, l’Important est d’être un peuple uni et d’avoir une vision de notre futur.
Réunir toutes les femmes pour construire l’avenir pour toute la société palestinienne.
Notre prochaine étape : s’allier à des organisations qui soutiennent cette idée.
Tout rassemblement pour le droit et la justice est un rassemblement pour la Palestine. La liberté est une et indivisible. On doit être solidaire et unis pour continuer le combat.
Pour Najet : l’unité permet la liberté, à acquérir par soi-même. La discrimination, l’apartheid disparaitront un jour et peuple palestinien deviendra libre, comme d’autres peuples. Sur la terre de Palestine avec Jérusalem comme capitale et le retour des réfugiés sur leur sol.
Pour Asma, les divisions politiques entre factions empêchent la reconstruction de la Bande de Gaza après toutes ces offensives israéliennes. L’espoir provient de la solidarité internationale, du mouvement BDS Cela a permis la saisine de la CPI.
A la suite de ce long échange nous avons affirmé notre soutien indéfectible aux 6 ONG palestiniennes de défense des droits humains classifiées comme terroristes par Israël, par un stand up unanime dans le cadre de la campagne internationale #StandWithThe6.
La visite de l’exposition « La liberté commence ici » réalisée par les habitants du camp de réfugiés de Jénine et commentée par Joss Dray qui l’a mise en œuvre, le concert du chanteur palestinien Abo Gabi accompagné d’Issa Mourad au oud très apprécié de tout notre public et le buffet convivial (70 repas servis) ont permis la poursuite des échanges et des moments festifs qui manquaient à l’expression de notre solidarité moins visible en cette année d’épidémie Covid 19. Une réussite .
Radio Karama Fm, une radio tunisienne, a retransmis en direct notre évènement, avec l’interview de nos 3 invitées palestiniennes et celui de Pierre Langlois.
PS : nous nous indignons de la façon dont a été traitée Johayna à Orly (compagnie Transavia) lors de son retour à Tel Aviv : interrogatoire de près de 3 heures de la police française, à la façon de la sécurité israélienne, jusqu’au départ de l’avion où elle a été accompagnée par un policier.
Le lendemain, 28 novembre, le comité AFPS l’Olivier Corbeil Essonnes organisait à Corbeil Essonnes, la projection du film « 200 METRES » du cinéaste palestinien Ameen Nafeh au Cinéma Arcel en après-midi.
Dominique Pallarès, Josette Pineau, Pierre Langlois